Non loin de là marchait depuis un bon moment déjà Boomerang, qui avait décidé de quitter ses terres pour la journée, visitant un peu. Perdu dans ses pensées, il repensait à ce qui s'était passé avec les coquelicots, en compagnie de Calypso. Toutes ces fleurs qui avaient apparu d'un seul coup, sans crier garde, tandis qu'il pensait justement à un champs de coquelicots quelques instants avant. C'était étrange, en effet, mais il avait décidé de ne pas trop y penser. Après tout, ça ne devait être qu'un autre mauvais tour de l'Originel. Comment aurait-il pu savoir, lui, que ça avait été une parfaite matérialisation de ses pensées ? Son nouveau pouvoir d'illusionniste commençait à se manifester.
Ce fut bientôt une douce odeur équine qui vint troubler les pensées de l'étalon. Vivement, il redressa la tête et jeta un coup d'oeil autour de lui, ne voyant toutefois personne. Boo' se mit donc à trottiner en direction de l'odeur, poussant un fort et viril hennissement d'appel.

L'étalon coloré trotta ainsi durant quelques courtes minutes, se demandant bientôt si son odorat l'avait mené sur une mauvaise piste ou non. Après tout, le direction du vent pouvait changer et devenir parfois trompeuse. Mais quelques minutes plus tard, il remarqua enfin sa silhouette au loin. À ce moment, un léger sourire se pendit à ses lèvres bicolores tandis qu'il se dirigeait vers elle. Mais avant même qu'il n'ait le temps de dire un mot, elle commençait déjà.
« Oh! » Lança-t-elle alors avec impulsion tandis que le poney ralentissait, comme si elle venait de le prendre au dépourvu. Pourtant, ce n'était pas réellement le cas. Après tout, il devait bien être le seul poney de toutes les terres de Cloud Nine que l'Originel avait décidé de punir en peinturant de multiples couleurs, alors c'était normal que certains équidés soient surpris en le voyant.
« Oui ? » Répliqua-t-il alors, mi-amusé mi-moqueur.

Je remarque qu'il a des ailes. Des cornes. Des crins de toutes les couleurs. Des bracelets. Mais où suis-je ?!
Il me répond. Un simple 'oui', mais il me répond. Je suis soulagée, il ne me trouve pas étrange, il ne me rejette pas. Il va peut-être pouvoir m'expliquer ce qui s'est passé. Je ne réponds pas tout de suite. Des yeux, je cherche le chemin d'où je suis venue. Plus loin, il y a une clairière. Je sais qu'elle est maculée de sang, de mon sang, lorsque j'ai souffert. Lorsque je me suis transformée. Je frémis. Je n'ai pas envie d'y retourner.
Je reviens sur l'étalon qui me fait face. Est-ce lui qui a hennit ? J'ai envie d'engager la conversation, mais je ne sais pas par où commencer. Je secoue la tête. Pourquoi je me pose autant de questions ?
- Je ... Mais où sommes-nous ? Vous avez .. J'ai ... Enfin, des ailes ! C'est insensé ! Qu'est ce qui m'arrive ?
Et voilà, même pas un bonjour. La prochaine fois, je réfléchirai. J'espère ne pas rebuter ce cheval, le seul que j'ai rencontré jusque maintenant. Je ne veux pas me retrouver seule.

Ce fut prendre aussitôt que Boomerang remarqua les étranges ailes sur le dos de la ponette. C'était bien la première fois qu'il en voyait des semblables sur les terres de Cloud Nine, depuis qu'il était arrivé. Son regard d'azur glissa tranquillement le long de ses ailes pour arriver jusqu'au dos de la pégase, où il remarqua de grandes traces de sang, les traces de la naissance de ses ailes. Se mordant légèrement la lèvre inférieur, il reposa toutefois les yeux sur elle.
« Je ... Mais où sommes-nous ? Vous avez .. J'ai ... Enfin, des ailes ! C'est insensé ! Qu'est ce qui m'arrive ? »
« Vous êtes sur les terres de Cloud Nine » Souffla-t-il alors tranquillement, se voulant rassurant. Du moins, le plus possible. Comment pouvait-on être rassurant en annonçant une telle "nouvelle" ? « Ici rien ne sera plus jamais pareil .. » Ajouta-t-il en faisant un bref pas en sa direction. Oui, s'en était presque une réplique classique de vieux films, mais c'était quand même ça.

Cloud Nine. J'en ai jamais entendu parler. 'Rien ne sera plus jamais pareil." Heu, je dois m'en inquièter ? M'enfin, je le vois bien que tout est étrange ici. On a quand même des ailes sur le dos.
- Tout le monde est comme ça ici ?
En disant cela, je montre du nez le corps de l'étalon. Je tente de lui sourire, mais je ne sais pas s'il est convaincant. Après tout, il a l'air calme, rassurant. Et il va tout m'expliquer. N'est ce pas ?
- Et .. ma vie d'avant ? Elle est terminée ?
Je piaffe, un peu nerveuse. Je n'aime pas être dans l'incompréhension. Alors, je murmure :
- Racontez moi tout ce que vous savez sur .. Cloud Nine. S'il vous plaît.
J'espère être totalement éclairée. Pouvoir enfin réfléchir et prendre des décisions.

Boomerang l'écouta alors tranquillement sans l'interrompre. Ce fut après un bref moment qu'il prit le pas pour retourner d'où il était arrivé, donnant un léger coup de museau en direction de la femelle pour qu'elle le suive.
« Faudrait commencer par nettoyer ça » Fit-il alors en pointant du nez les ailes de la femelle. « Et je suis Boomerang, en passant » Ajouta-t-il en accompagnant ses paroles d'un léger sourire, amusé. Puis, par la suite, le pégase sembla réfléchir un moment.
« Non, personne n'est pareil ici. Plusieurs se caractérisent par leurs ailes, d'autres par leurs cornes, même que certains restent totalement normaux à leur arrivée » Commença-t-il en tournant la tête droit devant lui, continuant d'avancer tranquillement. « Il semblerait que ces terres soient complètement coupées de tout ceux que tu connaissais jusqu'à maintenant » Ajouta-t-il par la suite à voix basse, repensant inévitablement à son ancien troupeau par la même occasion. Boomerang ne laissa toutefois rien paraître de ses pensées, gardant la tête droite et haute, seul son manque de sourire aurait pu à ce moment le trahir.

[ Désolée pour le retard ... ]

Un léger sourire traversa alors les traits de l'étalon coloré tandis qu'il reposait les yeux sur la femelle, hochant négativement la tête suite à sa question.
« Non, pas si longtemps que ça » Répondit-il alors en posant les yeux au loin, fouillant au travers de la faible végétation pour y apercevoir le Palais. « Mais je sais simplement que je suis ici pour un bon bout de temps encore » Ajouta-t-il par la suite avant de tourner sur sa gauche, s'éloignant à la fois du Palais, mais se rapprochant d'un petit ruisseau qu'il avait remarqué un peu avant d'arriver sur ce bout de territoire.