Calypso galopait, ses sabots soulevant des nuages de poussières à chaque pas. Ses oreilles étaient plaquées contre sa nuque par la vitesse, et elle souriait. Au loin, derrière elle, on pouvait voir le soleil levant qui jetait sur les plaines nues des couleurs orangées et dorées. Elle s'amusa ainsi à galoper à fond le train pendant un moment puis s'arrêta, haletante mais fière, le port de tête droit, ses crins blonds emmêlés devant ses yeux d'azur. Peut être ne savait-elle pas voler, mais galoper, si.

Perdu dans ses pensées, Machiavel allait là où ses jambes avaient décidé de le conduire. Sa subite transformation le faisait encore souffrir mais il s’en moquait : cette douleur purement physique n’était rien comparé à celle qu’il ressentait au plus profond de son être. Ce monde n’était pas le sien. Ce corps n’était pas le sien. Il était perdu et seul. Il ne reverrait plus jamais sa famille, ni ses amis…
Tout en poussant un long soupir, l’étalon se stoppa et leva les yeux. Il découvrit alors un paysage désolé ou les formes de vie étaient rares. C’est alors que quelque chose attira l’attention de Machiavel. Quelque chose de rose.

La jument rose eut un sourire, très satisfaite du nuage de poussière et de sable qu'elle avait soulevé en s'arrêtant brusquement. Soudain, une odeur équine vint lui titiller les naseaux. Elle tourna la tête et aperçu un étalon gris et doré. La jument poussa un petit hennissement en tant que salut, se sentant d'humeur assez bonne.

Soudainement, dans son champ de vision s'afficha une chose rose qui flottait vers elle à toute vitesse. Elle l'attrapa avec ses dents, pouvant identifier le noeud rose, qui appartenait sans doute à une jument qui allait surgir pour le récupérer d'un moment à l'autre.

Cette chose rose qui avait attiré l’attention de Machiavel était en réalité un cheval. Un cheval ailé, tout comme lui. Un « pégase » comme le lui avait expliqué peu de temps au-par-avant. Depuis combien de temps cette inconnue se trouvait-elle sur ces Terres si étranges ? Peut être serait-elle en mesure d’apporter des réponses aux multiples questions qui ne cessaient de le tourmenter ?
La jument avait stoppé sa course effrénée, soulevant un nuage de poussière qui la fit momentanément disparaitre. Elle regardait à présent autour d’elle, et ses yeux ne tardèrent pas à se poser sur Machiavel. L’inconnue le salua en poussant un petit hennissement, et ce n’est qu’après un court moment d’hésitation que l’étalon lui retournât la politesse avant de se diriger lentement vers elle, le regard rivé sur le sol.

Le ruban dans la bouche, la jument attendit impatiemment que la propriétaire de ce nœud daigne venir. Elle arriva bientôt, au galop, en même temps que l'étalon gris et or. Elle était plutôt jolie, noir et blanche, basique. Elle, lorsqu'elle était arrivée ici, s'était couverte de rose. Ça n'avait pas été le cas de tout le monde..

'' B'jour. Ouais, j'avais remarqué. ''

Elle restitua le nœud sans maugréer et minauder d’avantage. Elle se faisait trop gentille depuis son arrivée, sérieusement. Il faudrait qu'elle aille emmerder une ou deux personnes, ça lui ferait du bien.

'' Je suis Calypso. Et je suis arrivée sur ces terres depuis une semaine, je pense. Environ. Enchantée. ''

Elle s'adressait un peu plus au mâle qu'à la femelle, qui lui semblait trop gentille, trop timide, peu intéressante. Néanmoins, elle ne cessa pas de la regarder. Ce n'était pas la peine de s'en faire une ennemie trop rapidement, non plus

(Désolée pour le retard…)

Le temps que Machiavel arrive au niveau de la pégase rose, une autre jument s’était joint à elle. Cette dernière – une licorne noire et blanche – était le premier individu dépourvu d’ailles que Machiavel voyait depuis son réveille sur ces terres étranges. C’est pour cette raison qu’il lui afficha un air pour le moins déconcerté lorsqu’il la vit.
Tour à tour, les deux juments s’étaient présentées avant de dire depuis combien de temps elles étaient arrivées dans ce nouveau monde. Pendant qu’elles parlaient, Machiavel les observait avec attention. Le contraste entre les personnalités respectives des deux juments était saisissant : autant Melody semblait timide et réservée, autant Calypso avait l’air sûr d’elle.

« C’est mon deuxième jour ici. Et je m’appel Machiavel. »

Sa voix était rauque et monotone. Lui qui était si sociable d’habitude, il semblait maintenant froid et distant tant son nouveau corps et cette nouvelle vie le déstabilisaient.