♫ Ailleurs c'est ici.

« Ailleurs c'est ici. »

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La nuit était bel et bien plus proche que le jour en cette heure tardive de l'après-midi. La température ambiante n'était pas des plus chaudes, sans pour autant être glacial, l'atmosphère avait une odeur d'orage, et la demoiselle noire aux crins rouges ne semblait craindre cet évènement possible. Elle était là, trottinant d'une allure gracieuse sur le petit chemin de terre, sous ses yeux défilait un paysage qui semblait quelques peu détruit, et pourtant, la femelle ne semblait vouloir partir. De toutes manières, partir pour aller où ? Lilith ne connaissait rien en ces terres, et si c'était partir pour aller ailleurs, cela ne servait bien à rien, puisque ailleurs, c'est ici.

La tête haute, elle observait avec une certaine admiration le paysage. L'ambiance était étrange, et c'est ce que la noiraude appréciait finalement, elle n'était pas commune et ce n'était que dans des lieux comme celui-ci qu'elle se sentait plutôt bien. Allongeant ses foulées, elle se mit finalement à galoper, les crins dans le vent. Vent qui semblait se lever de plus en plus, s'engouffrant puissamment dans les crins rouges de la demoiselle, et venant siffler aux creux de ses oreilles, qu'elle plaqua suite à cela. Ses sabots frappaient fortement le sol de terre, envoyant poussière et cailloux derrière elle. La nuit approchait à grands pas, et cela ne semblait pas inquiéter la demoiselle, bien au contraire. Elle leva curieusement les yeux au ciel, observant les gros nuages gris, mais elle crut également voir une grosse silhouette, là haut, juste aux cœur des nuages. Fronçant les sourcils, elle fouilla le ciel de ses prunelles rouges, mais sans succès, rien ne semblait réapparaître de façon visible. La jument baissa alors la tête, et lâcha un long soupir, elle ne savait pas vraiment comment s'occuper, et n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle possédait à présent une corne, surtout qu'elle ne lui trouvait, pour le moment, aucune utilité. Accélérant son allure, elle poussa un hennissement puissant, fort, et pas si aigu que ça. Elle attirerait surement bien des prédateurs en signalant ainsi sa présence, mais tant que cela pimentait sa vie, la demoiselle s'en fichait.

Le premier à entendre l'appel puissant de cette femelle était sans doute Jumanji, qui avait prit place près de quelques anciennes poutres formant une clôture auparavant, ou du moins ce qu'il en restait. L'étalon zébré s'était ramassé ici après avoir voulu quitter un peu ces terres un peu trop peuplées à son goût, se dirigeant ainsi donc machinalement vers celles étant si lugubre que même le jour, une atmosphère étrange devait toujours y régner.
Lorsqu'il entendit le hennissement étrange de la demoiselle, le poney dressa légèrement la tête pour se mettre à la chercher machinalement du regard sans toutefois répondre. Visiblement, il ne changerait pas ses vieilles habitudes de si tôt. Ce fut après quelques vives bourrasques de vent humides que l'étalon remarqua la silhouette de l'inconnue au loin. Avec un peu de mal, il remarqua une corne arrondie se mêler à ses épais crins d'une couleur rouge vif. Silencieux, Jumanji se détacha alors légèrement des poutres de bois, légèrement déstabilisé par le ce vent puissant. Une tempête ferait rage cette nuit, c'était pratiquement certain. Mais tout juste au moment où il s'apprêtait à partir, le sol se mit légèrement à vibrer sous ses sabots. Fronçant aussitôt les sourcils, Jumanji pivota sur lui-même pour voir d'où cette vibration pouvait venir et vit, à environs un kilomètre de là, un grand troupeau galoper à vive allure en sa direction. Ils devaient bien être une centaine, et il ne s'agissait pas d'équidés ... mais de quoi alors ?

Lilith continuait sur sa lancée, galopant fougueusement, les crins portés par le vent. Elle envoya valser puissamment ses postérieurs derrière elle, laissant un long sourire prendre place sur ses lèvres. Et alors qu'elle progressait dans ce lieu, une odeur s'infiltra jusqu'à sa cloison nasale, s'engouffrant profondément jusqu'aux poumons de la noiraude. Ce n'était pas un parfum fruitier, ou même un air marin, non, il s'agissait là de l'odeur d'un équidé. Fronçant un sourcil, la demoiselle se mit à tourner la tête à gauche, puis à droite, cherchant une silhouette. Et ce fut après quelques secondes à farfouiller on ne sait où qu'elle tomba finalement sur une silhouette plutôt imposante, que deux cornes ressemblant étrangement à celles d'un bélier venaient orner. Sans réellement prendre le temps de réfléchir ou de s'accorder quelques secondes de choix, la jument pilla net, et se tourna alors vers l'inconnu. Sans perdre une seconde, elle se remit à nouveau au galop, envoyant poussière et cailloux dans les airs. La distance entre les deux équidés fondait au fil des sabots de Lilith qui frappaient agilement le sol. N'étant plus réellement très loin de cette silhouette, la noiraude se mit à ralentir quelques peut, quand curieusement, son regard fut attiré sur ce troupeau qui galopait. A nouveau, la sensation d'être observée pris la demoiselle. Elle leva une seconde fois les yeux au ciel, et ce qu'elle fit la laissa stupéfaite. Une énorme masse semblait planer là, juste entre les nuages. Lilith ne voyait que peut de détail pour savoir de quoi il s'agissait, mais elle gardait quand même secrètement au fond d'elle une certaine peur, peur de l'inconnu. Regardant à nouveau l'autre équidé, elle repassa au trot, puis au pas, pour finalement s'arrêter à quelques mètres de ce dernier. Ses yeux rouges se baladèrent discrètement sur le corps de l'inconnu qu'elle prit le temps de bien mémoriser, puis remonta doucement sur le visage de ce dernier. Ses couleurs étaient splendides, bleu noir et blanc, cela se mariait à merveille. Restant silencieuse, elle adressa un léger sourire au mâle, puis le quitta quelques secondes du regard...